Un sénateur comte d'Empire au Parlement
Armoiries de Tracy Assemblée nationale du Québec |
Parmi ces armoiries, certaines piquent la curiosité par leur
facture et leur apparente incongruité dans l'armorial de notre histoire.
Alexandre de Prouville de Tracy |
Armoiries de Prouville de Tracy Gare du Palais à Québec |
Une eau-forte sur papier de Jean Lenfant présente le marquis de Tracy en 1660, avec ses armoiries qui se blasonne : De sinople, à la croix engrêlée d’argent, l'écu sommé de la couronne de marquis, entouré de la devise «In hoc signo vinces». E.-Z. Massicotte et Régis Roy confirment ces armoiries dans l'Armorial du Canada-français de publié en 1915.
Pourtant, l'écu sous le nom de Tracy se blasonne : écartelé
: au 1 d'azur, chargé d'un miroir d'or où se mire un serpent d'argent ; aux 2
et 3 d'or au cœur de gueules ; au 4 palé d'or et de sable de six pièces. De
toute évidence, nous sommes devant les armoiries d'une autre personne. Une eau-forte sur papier de Jean Lenfant présente le marquis de Tracy en 1660, avec ses armoiries qui se blasonne : De sinople, à la croix engrêlée d’argent, l'écu sommé de la couronne de marquis, entouré de la devise «In hoc signo vinces». E.-Z. Massicotte et Régis Roy confirment ces armoiries dans l'Armorial du Canada-français de publié en 1915.
Armoiries de Destutt de Tracy |
Ce qui pique la curiosité de ces armoiries est certainement
le miroir au serpent sur champ d'azur en premier quartier. Voici un meuble
caractéristique de l'héraldique napoléonienne. Sous l'Empire, les armes de la
noblesse d'Empire étaient chargé d'élément codifié obligatoire selon le titre
et le rang. Aussi les comtes ministres portaient : un franc-quartier ou un
canton d'azur, chargé d'une tête de lion arrachée d'or, alors que le
franc-quartier des comtes maires était chargé d'une muraille d'or et les comtes
sénateurs portaient le miroir au serpent retrouver sur la façade du Parlement
de Québec.
Mais alors, qui est ce comte sénateur de l'Empire français
de Napoléon 1er ?
Au hasard d'une recherche, je découvre dans le 2e
arrondissement de Paris une rue de Tracy ouverte en 1782 sur les dépendances de
l'hôtel d'Antoine Louis Claude Destutt, comte de Tracy (1754-1836). Moi qui
pensait que la ville de Paris avait honoré le héros de la Nouvelle-France.
Une recherche sur ce comte de Tracy, m'apprends que il fut
un philosophe et homme politique français. Issu de la famille de Stutt, famille
noble originaire d’Écosse, il était le fils de Claude-Louis-Charles Destutt,
marquis de Tracy, militaire de carrière mort en 1766 des suites de blessures
reçues à la bataille de Minden. Député
de Moulins aux États généraux, il l'un des premiers de son ordre à se rallier
au tiers état lors de la nuit du 4 août 1789.
Arrêté comme suspect, le 2 novembre 1793. il profite de ses onze mois de
prison pour s'initier à la philosophie sensualiste de Locke et de Condillac,
mettant au point sa propre doctrine. En 1799, il est nommé membre du Conseil
d'instruction publique. Il défend la définition de l'« idéologie » comme étude
de la pensée, étymologiquement «science des idées », refusant le mot «
psychologie », qui fait trop explicitement référence à la notion d'âme. Après le 18 brumaire, il est nommé l'un des
trente premiers sénateurs. Au Sénat conservateur, il est le chef des «
idéologues » méprisés par Napoléon Ier, qui le fait quand même comte
d'Empire. Son œuvre a une influence
réelle sur les philosophes et économistes du XIXe siècle. Louis XVIII l'appela à la Chambre des pairs
en 1814.
Cette même recherche m'apprends surtout qu'à titre de comte
sénateur, ses armes portaient le miroir au serpent et qu'elles correspondent en
tout point à celle sur la façade du Parlement.
Mais alors, que fait ce comte d'Empire sur la façade de
l'Assemblée nationale du Québec ?
Il est probable que Taché que ai présumé que ce comte
d'Empire était un descendant du lieutenant général de la Nouvelle-France.
Photographie : Marc Beaudoin, armoiries : Louise Martel
Photographie : Marc Beaudoin, armoiries : Louise Martel
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