mardi 12 février 2013

Les armoiries de George III à l'Assemblée nationale du Québec.

Armoiries George III
Assemblée nationale du Québec
Les boiseries du Parlement de Québec participent à la volonté de son architecte de souligner les personnages et les faits marquants de notre histoire. C’est ainsi que de part et d’autre de l’arche ouvrant le hall des salles de l’Assemblée nationale et de l’ancien conseil législatif (abolie en 1968), nous trouvons les armoiries du roi George III et de William Pitt. Alors que le hall du rez-de-chaussée est consacré à la période française de notre histoire, Eugène-Étienne Taché inaugure la période britannique par les noms et les armoiries du souverain et du premier ministre en fonction lors de la conquête de 1760 et du traité qui confirmera la session de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne.

Le traité de Paris fut signé le 10 février 1763, après trois ans de négociations, par la France, la Grande-Bretagne et l'Espagne et met fin à la guerre de Sept Ans. Aux termes du traité, la Grande-Bretagne obtient de la France l'île Royale (île du Cap-Breton) et le Canada, y compris le bassin des Grands Lacs et la rive gauche du Mississippi. L'Espagne lui cède la Floride. La France conserve des droits de pêche à Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent. Elle acquiert Saint-Pierre-et-Miquelon comme port de pêche non fortifié et recouvre ses lucratives possessions dans les Antilles, ses comptoirs en Inde et son poste de traite des esclaves sur l'île de Gorée (dans le Sénégal actuel). Conformément à la capitulation conditionnelle de 1760, la Grande-Bretagne garantit une liberté de religion limitée aux Canadiens. Le traité prévoit les modalités d'échange de prisonniers. Il accorde aux Canadiens un délai de 18 mois pour émigrer s'ils le désirent. Il assure également la conservation des archives gouvernementales. Au final, si la Grande-Bretagne acquiert un grand empire, la France conserve ses comptoirs et les colonies qui lui permettront de reconstituer sa flotte et douze ans plus-tard de soutenir l'indépendance des futures États Unis.

Nous retrouvons sur les boiseries de l’Assemblée nationale du Québec, sous le nom George III, les armoiries suivantes : écartelé, en 1 et 4 d'or au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même, en 2 de gueules, aux trois léopards d'or et en 3 d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent; sur le tout tiercé en pairle renversé, 1, de gueules, à deux léopards d'or; 2, d'or, semé de cœurs de gueules, au lion d'azur, armé et lampassé du deuxième, brochant sur le tout; 3, de gueules, au cheval cabré d'argent, harnaché d'or et surmonté de la couronne royale de Hanovre; sur le tout de gueules à la couronne de Charlemagne d'or (qui est la dignité d'Archi trésorier du Saint-Empire).

Armoiries de George III
1760-1801
Il est à noter qu’au moment de la signature du traité de Paris, les armes des rois d'Angleterre étaient les suivantes : écartelé, en I parti : en 1 de gueules aux trois léopards d'or et en 2 d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même; en II d'azur aux trois fleurs de lys d'or; en III d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent et IV tiercé en pairle renversé, 1, de gueules, à deux léopards d'or; 2, d'or, semé de cœurs de gueules, au lion d'azur, armé et lampassé du deuxième, brochant sur le tout; 3, de gueules, au cheval cabré d'argent, harnaché d'or; sur le tout de gueules à la couronne de Charlemagne d'or.

En fait, les armoiries de George III ont évolué au cours des cinquante-neuf années de son règne en fonction des titres et des prétentions du souverain. Ainsi, jusqu'en 1801, les prétentions au trône de France expliquent la présence des fleurs de lys. Puis, les héraldistes distinguèrent le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande de l'électorat, puis du royaume du Hanovre, en les superposant. C'est cette dernière version que Taché fait graver les armoiries dans la boiserie du Parlement québécois.

George III (4 juin 1738 — 29 janvier 1820) est le troisième souverain de la Maison de Hanovre à régner sur la Grande-Bretagne. Il fut roi de la Grande-Bretagne et roi d'Irlande (1760–1801), puis roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande (1801–1820). Il fut également électeur de Hanovre (1760–1814), puis roi de Hanovre (1814–1820). Sous son règne, la Grande-Bretagne conquière la Nouvelle-France, perd ses anciennes colonies en Amérique du Nord à la suite de la guerre d'Indépendance des États-Unis, et l'Irlande est unie au Royaume-Uni (1er janvier 1801).
Armoiries William Pitt
Assemblée nationale du Québec

À la fin de l'année 1810, à l'apogée de sa popularité, George III devint gravement malade, presque aveugle du fait de la cataracte et souffrait de rhumatismes. En 1811, George III accepta la loi de Régence et le prince de Galles resta prince-régent jusqu'au décès de son père. Malgré des signes de convalescence en mai 1811, le roi avait sombré dans une aliénation complète et permanente et il vécut isolé dans le château de Windsor jusqu'à sa mort, le 29 janvier 1820 au château de Windsor.

Sur le panneau faisant face à celui du roi George III, nous trouvons le nom de William Pitt associé avec les armoiries suivantes : de sable à la fasce échiquetée d'argent et d'azur de trois tires accompagné de trois besants d'or. Ici, le contexte nous permet d’affirmer que Taché a voulu souligner William Pitt l'Ancien (15 novembre 1708 – 11 mai 1778), 1er comte de Chatham, qui s'est rendu célèbre en tant que ministre de la Guerre de Grande-Bretagne pendant la guerre de Sept Ans. Et à ce titre l’un des principaux artisans de la conquête de la Nouvelle-France. Il mène ensuite la politique du pays au poste de Lord du Sceau Privé de 1766 à 1768. Il est ainsi surnommé pour le distinguer de son fils, William Pitt le Jeune, qui fut Premier ministre de 1783 à 1801 et de 1804 à sa mort en 1806.

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