En ce 9 décembre 1939, le gouvernement d'Adélard
Godbout adopte un décret fixant les nouvelles armoiries de la province. Elles
remplacent et surtout corrigent celles concédées par la reine Victoria en 1868.
Une loi du parlement britannique créa le dominion du Canada
et divisait l'ancien Canada-Uni en deux provinces : l'Ontario et le
Québec. C'est dans la logique de ces créations, que la reine Victoria concéda
des armoiries aux nouvelles provinces. Celles du Québec se blasonnaient : « D’or
à la fasce de gueules chargé d’un léopard d’or armé et lampassé d’azur,
accompagné au chef de deux fleurs de lys d’azur et à la pointe d’une branche
d’érable à sucre à triple feuille de sinople, aux nervures du champ. »
Ces armoiries soulignaient la présence française par les
fleurs de lys d'azur, la domination britannique par le léopard de Grande-Bretagne,
et les feuilles d'érable, comme un symbole propre au Haut et au Bas-Canada.
Mais voilà, des fleurs de lys bleu n'ont aucun lien avec la France que les pionniers
de la Nouvelle-France ont connue. Les héraldistes de sa gracieuse majesté craignaient-ils
de déplaire à la France de Napoléon III en reprenant les armes des rois de
France? Ou, pensaient-ils qu'en vertu de l'abandon, le 1er janvier 1801, par le roi George III des prétentions des rois d'Angleterre à la couronne de France, ils ne
pouvaient plus utiliser les fleurs de lys d'or dans les armoiries d'une colonie
d'Amérique? Toujours est-il qu'il fallut attendre les années 1930 pour qu'à
la suite de diverses propositions, le gouvernement du Québec se dote
d'armoiries reflétant l'histoire politique de la province et surtout plus conforme
aux règles de l'héraldique.
Armoiries du Québec (1868) Assemblée nationale du Québec |
Voilà un écu qui raconte les trois âges de l'histoire du
Québec : la Nouvelle-France (fleurs de lys or sur fond bleu), le régime
britannique (léopard or sur fond rouge) et la période canadienne (rameau de
feuilles d'érable).
L'édifice du Parlement de Québec conserve les traces de
l'évolution des armoiries du Québec, puisque Eugène-Étienne Taché profitera de toutes
les occasions pour marquer des armes du Québec les murs et même les plafonds de
l'édifice. Il est intéressant de noter ici que sous la plume de l'architecte,
le léopard d'Angleterre est devenu un lion passant au naturel. Était-ce une manière de
protester contre le non-respect des armes de France dans les armoiries de la
province?
dommage que le sculpteur aie fait un lion passant (très naturaliste d'ailleurs) plutot que le léopard... Le blason n'est pas le meme et est donc incorrect...
RépondreSupprimerEn fait, le sculpteur n'a fait que suivre les directives de l'architecte du Parlement, Eugène-Étienne Taché a dessiné un lion passant au lieu du léopard. J'en ai recensé une douzaine principalement au sommet des pavillons d'angle et sur les plafonds des portiques des entrées de l'édifice. Partout ailleurs, les léopards britanniques reprennent leur place sur les écus et les cartouches décoratives.
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