D'Aiguillon dans l'histoire de la Nouvelle-France
Armoiries du 1er duc d'Aiguillon Assemblée nationale du Québec |
Ainsi, nous retrouvons sous
le nom D'Aiguillon, les armoiries qui se blasonnent : écartelé, en
1 et 4 : coupé et parti en 3, au premier fascé de gueules et d'argent, au
second d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules, au troisième d'argent à
la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même, au quatrième
d'or aux quatre pals de gueules au cinquième parti d'azur semé de lys d'or et à
la bordure de gueules, au sixième d'azur au lion contourné d'or, armé, lampassé
et couronné de gueules, au septième d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules,
au huitième d'azur semé de croisettes d'or et aux deux bars d'or. Sur le tout
d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent le tout brisé d'un
lambel de gueules; en 2 et 3 contre-écartelé en 1 et 4 d'azur, à trois fleurs
de lys d'or, à la bordure endentée de gueules et d'or et en 2 et 3 d'azur, à
l'aigle d'argent, becquée, languée et couronnée d'or.
Or, la présence du nom d'Aiguillon au Parlement ne se justifie qu'en
raison de l'important rôle qu'a joué Marie-Madeleine de Vignerot, dame de Combalet, duchesse d’Aiguillon (1604 -
1675) dans la fondation de l'Hôtel-Dieu de Québec. Fille de René de Vignerot et
de Françoise Duplessis (sœur du cardinal de Richelieu), elle fut mariée à
Antoine Pont du Roure, marquis de Combalet et neveu du duc de Luynes, pour qui
elle conçut une telle aversion que quand il fut tué lors des dernières guerres
de religion, de peur
que, par quelques raisons
d’État, on ne la sacrifiât encore, elle fit vœu de ne jamais se marier et de se
faire carmélite. Après avoir échoué dans plusieurs projets de mariage avec les
premières maisons de France, le cardinal-ministre acheta le duché d’Aiguillon
pour sa nièce en 1638. Elle fut dame d’atour de Marie de Médicis. Après la mort
du cardinal, elle hérita d’une partie de ses biens, et employa presque toute sa
fortune à soulager les pauvres et à fonder des établissements de charité, dont
l'Hôtel-Dieu de Québec.
Armoiries duchesse d'Aiguillon Vitrail - Hôtel-Dieu de Québec |
Les Augustines de la
Miséricorde ont bien souligné le rôle de la duchesse D'Aiguillon en ornant
l'une des fenêtres du pavillon d'Aiguillon d'un vitrail aux armes de la
duchesse. Elles se blasonnent : écartelé en 1 et 4 d'or à trois hures de
sanglier de sable; et en 2 et 3, d'argent aux trois chevrons de gueules. L'écu,
entourer de l'Ordre des Dames chevalières de la Cordelière, est posé sur un
manteau armorié doublé d'hermine et timbré d'une couronne ducale. C'est
armoiries ce retrouvent aussi sur la façade de l'entrée du monastère des
Augustines.
Nous voilà avec des
armoiries qui n’ont rien en commun. Pour trouver qui de Taché ou des Augustines
de l'Hôtel-Dieu a raison, nous devons chercher dans l'histoire du duché d'Aiguillon.
Elle commence en 1599, lorsque le roi Henri IV érigea les baronnies
d'Aiguillon, Montpezat, Sainte-Livrade et Dolmayrac en duché-pairie en faveur
d'Henri de Lorraine, fils aîné de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, pair de
France, et de ses successeurs et ayants cause. En 1632, au décès du troisième duc,
sans descendance directe, le duché-pairie est réintégré à la couronne de
France.
Le duché est recréé en 1634, au bénéfice de Antoine de l'Age qui le perdra à la
suite de sa disgrâce, en 1635. Le cardinal de Richelieu attribue le
duché-pairie d'Aiguillon à sa nièce Marie Madeleine de Vignerot, en 1638. Le
duché d'Aiguillon est, à l'origine, l'un des rares titres français
transmissibles exceptionnellement par primogéniture sans exclusion des filles. Le
titre s'éteint en 1704, au décès de la seconde duchesse. Son neveu, Louis de
Vignerot du Plessis (1654-1730), marquis de Richelieu, comte d'Agenois et baron
de Québriac, ne portant pas le titre. Il sera rétabli le 10 mai 1731
au profit de son fils, Armand Louis de Vignerot du Plessis (1683-1750), duc
d'Aiguillon et comte d'Agenois, pair de France.
Armoiries d'Antoine de l'Age. De Valles, Recueil des armoiries des pairs de France.Paris, 1634 |
En 1800, le quatrième duc
d'Aiguillon étant décédé sans postérité, le titre ne se transmettant plus par
les femmes, il passe à son cousin le plus proche Armand Emmanuel du Plessis de
Richelieu, duc de Richelieu et Maréchal de France, Président du Conseil des ministres
sous Louis XVIII. En effet, le maréchal-duc de Richelieu (1766-1822) était le
descendant direct d'Armand-Jean de Vignerot du Plessis de Richelieu
(1629-1715), neveu du cardinal et frère de Jean-Baptiste Amador (1632-1662) et
de la seconde duchesse Marie-Madeleine Thérèse de Vignerot du Plessis
(1636-1704).
Voir la liste des ducs
d'Aiguillon pour plus de détail : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_ducs_d'Aiguillon
Le premier duc d'Aiguillon, Henri
de Lorraine est né le 20 décembre 1578 à Dijon. Il est le fils aîné
de Charles de Mayenne, duc de Mayenne et d'Henriette de Savoie-Villars, fille
du maréchal de Villars. Il est ainsi membre de la Maison de Lorraine-Vaudémont,
précisément de la branche cadette de la Maison de Guise et du rameau de Mayenne.
Il épousa, à Soissons, en février 1599, Henriette de Nevers (1571 - 1601),
fille de Louis IV, duc de Nevers et de Rethel, et d'Henriette de Clèves, mais ils
n'eurent pas d'enfants. Il est décédé le 20 septembre 1621 à
Montauban.
Charles de Lorraine portait les armes suivantes : écartelé, en 1
et 4 : coupé et parti en 3, au premier fascé de gueules et d'argent, au
second d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules, au troisième d'argent à
la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même, au quatrième
d'or aux quatre pals de gueules au cinquième parti d'azur semé de lys d'or et à
la bordure de gueules, au sixième d'azur au lion contourné d'or, armé, lampassé
et couronné de gueules, au septième d'or au lion de sable armé et lampassé de
gueules, au huitième d'azur semé de croisettes d'or et aux deux bars d'or. Sur
le tout d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent le tout
brisé d'un lambel de gueules (de Guise); en 2 et 3 contre-écartelé en 1 et 4
d'azur, à trois fleurs de lys d'or, à la bordure endentée de gueules et d'or (Ferrare) et en 2 et 3 d'azur, à l'aigle d'argent, becquée, languée et couronnée d'or (Este). Ce sont les armoiries qui figure sur le panneau à l'hôtel du Parlement de Québec.
Armoiries de Charles de Lorraine. De Valles, Recueil des chevaliers de l'ordre du Saint Esprit. Paris 1631 |
Pour sa part, la seconde duchesse d'Aiguillon, Marie-Madeleine Thérèse de Vignerot du Plessis (1636-1704),
portait les armes suivantes : écartelé
en 1 et 4 d'or à trois hures de sanglier de sable; et en 2 et 3, d'argent aux
trois chevrons de gueules, comme en fait foi la reliure de maroquin brun foncé,
au pointillé, aux armes de Marie-Madeleine-Thérèse de Vignerot, duchesse
d'Aiguillon, dans un médaillon brun clair conservé aux Archives nationales de
France.
À défaut de document original
prouvant qu'elles sont les armoiries qu'utilisait Marie Madeleine de Vignerot, il est plus
probable que, comme l'affirme François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois
dans son Dictionnaire de la Noblesse publié
en 1876 (vol. 19, p. 737), la première duchesse d'Aiguillon utilisait les
armes des Vignerot : d'or à trois hures de sanglier de sable. Toujours
est-il que nous pouvons admirer les armes du père du premier duc d'Aiguillon au
Parlement de Québec et celles des Vignerot du Plessis-Richelieu, la seconde
maison d'Aiguillon à l'Hôtel-Dieu de Québec.