mardi 26 février 2013

Les armoiries du comte de Frontenac

Armoiries - comte de Frontenac
Assemblée nationale du Québec
Statue de Frontenac - Louis-Philippe Hébert
Assemblée nationale du Québec
Parmi les armoiries ornant la façade du Parlement de Québec, celles de Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau surmontent la statue de l'une des figures les plus turbulentes et des plus connues de l'histoire de la Nouvelle-France et même du Canada. Ne serait-ce qu'en raison de « son célèbre château » bien connu des touristes de Québec.

Le comte de Frontenac est né au château de Saint-Germain-en-Laye en France le 12 mai 1622, son grand-père et son père, Antoine de Buade de Frontenac et Henri de Buade de Frontenac, étant gouverneurs du vieux château de Saint-Germain-en-Laye et très proches de la famille royale. Louis de Buade est baptisé dans la chapelle le 30 juillet 1623, le roi Louis XIII, roi de France, devenant son prestigieux parrain, sa marraine étant Catherine Henriette de Bourbon (1596-1663), épouse du duc d'Elbeuf. Frontenac épouse, le 28 octobre 1648, en l'église Saint-Pierre-aux-Bœufs à Paris, Anne de la Grange-Trianon, une riche héritière et célèbre pour sa beauté physique et dont le portrait se trouve à Versailles. Le père d'Anne s'oppose violemment à ce mariage et quand il apprend que les noces ont quand même eu lieu, il déshérite sa fille. Le 7 mai 1651, à Clion-sur-Indre (Indre), Anne donne naissance à François-Louis, le seul enfant du couple Frontenac.

Médaille Kebeca liberata
Il sera gouverneur général de la Nouvelle-France de 1672 à 1682 et de 1689 à 1698. Au court de ses deux mandats, il développe la colonie et la défend contre les attaques anglaises, notamment lors du siège de Québec en 1690. C'est à cette occasion que Frontenac répondra à l'émissaire de l'amiral Phips par son célèbre : « Je n'ai point de réponse à lui faire que par la bouche de mes canons et à coups de fusils ». Cette victoire sera commémorée en 1695 par la médaille Kebeca liberata. 

Cartouche aux armes de Frontenac
Hôtel Fairemount Château Frontenac

Le comte de Frontenac meurt à Québec le 28 novembre 1698. Je vous invite à lire l'article du Dictionnaire biographique du Canada pour en savoir beaucoup plus sur le comte de Frontenac. http://www.biographi.ca/fr/bio/buade_louis_de_1F.html

Les armes de Frontenac se blasonnent : d’azur à trois pattes de griffon d’or.
 
Outre la façade du Parlement, elles ornent les murs de l'hôtel Château Frontenac, érigé en 1893, sur le site du château Saint-Louis où le comte de Frontenac séjourna durant ses deux mandats de gouverneur de la Nouvelle-France.

mardi 12 février 2013

Les armoiries de George III à l'Assemblée nationale du Québec.

Armoiries George III
Assemblée nationale du Québec
Les boiseries du Parlement de Québec participent à la volonté de son architecte de souligner les personnages et les faits marquants de notre histoire. C’est ainsi que de part et d’autre de l’arche ouvrant le hall des salles de l’Assemblée nationale et de l’ancien conseil législatif (abolie en 1968), nous trouvons les armoiries du roi George III et de William Pitt. Alors que le hall du rez-de-chaussée est consacré à la période française de notre histoire, Eugène-Étienne Taché inaugure la période britannique par les noms et les armoiries du souverain et du premier ministre en fonction lors de la conquête de 1760 et du traité qui confirmera la session de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne.

Le traité de Paris fut signé le 10 février 1763, après trois ans de négociations, par la France, la Grande-Bretagne et l'Espagne et met fin à la guerre de Sept Ans. Aux termes du traité, la Grande-Bretagne obtient de la France l'île Royale (île du Cap-Breton) et le Canada, y compris le bassin des Grands Lacs et la rive gauche du Mississippi. L'Espagne lui cède la Floride. La France conserve des droits de pêche à Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent. Elle acquiert Saint-Pierre-et-Miquelon comme port de pêche non fortifié et recouvre ses lucratives possessions dans les Antilles, ses comptoirs en Inde et son poste de traite des esclaves sur l'île de Gorée (dans le Sénégal actuel). Conformément à la capitulation conditionnelle de 1760, la Grande-Bretagne garantit une liberté de religion limitée aux Canadiens. Le traité prévoit les modalités d'échange de prisonniers. Il accorde aux Canadiens un délai de 18 mois pour émigrer s'ils le désirent. Il assure également la conservation des archives gouvernementales. Au final, si la Grande-Bretagne acquiert un grand empire, la France conserve ses comptoirs et les colonies qui lui permettront de reconstituer sa flotte et douze ans plus-tard de soutenir l'indépendance des futures États Unis.

Nous retrouvons sur les boiseries de l’Assemblée nationale du Québec, sous le nom George III, les armoiries suivantes : écartelé, en 1 et 4 d'or au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même, en 2 de gueules, aux trois léopards d'or et en 3 d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent; sur le tout tiercé en pairle renversé, 1, de gueules, à deux léopards d'or; 2, d'or, semé de cœurs de gueules, au lion d'azur, armé et lampassé du deuxième, brochant sur le tout; 3, de gueules, au cheval cabré d'argent, harnaché d'or et surmonté de la couronne royale de Hanovre; sur le tout de gueules à la couronne de Charlemagne d'or (qui est la dignité d'Archi trésorier du Saint-Empire).

Armoiries de George III
1760-1801
Il est à noter qu’au moment de la signature du traité de Paris, les armes des rois d'Angleterre étaient les suivantes : écartelé, en I parti : en 1 de gueules aux trois léopards d'or et en 2 d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même; en II d'azur aux trois fleurs de lys d'or; en III d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent et IV tiercé en pairle renversé, 1, de gueules, à deux léopards d'or; 2, d'or, semé de cœurs de gueules, au lion d'azur, armé et lampassé du deuxième, brochant sur le tout; 3, de gueules, au cheval cabré d'argent, harnaché d'or; sur le tout de gueules à la couronne de Charlemagne d'or.

En fait, les armoiries de George III ont évolué au cours des cinquante-neuf années de son règne en fonction des titres et des prétentions du souverain. Ainsi, jusqu'en 1801, les prétentions au trône de France expliquent la présence des fleurs de lys. Puis, les héraldistes distinguèrent le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande de l'électorat, puis du royaume du Hanovre, en les superposant. C'est cette dernière version que Taché fait graver les armoiries dans la boiserie du Parlement québécois.

George III (4 juin 1738 — 29 janvier 1820) est le troisième souverain de la Maison de Hanovre à régner sur la Grande-Bretagne. Il fut roi de la Grande-Bretagne et roi d'Irlande (1760–1801), puis roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande (1801–1820). Il fut également électeur de Hanovre (1760–1814), puis roi de Hanovre (1814–1820). Sous son règne, la Grande-Bretagne conquière la Nouvelle-France, perd ses anciennes colonies en Amérique du Nord à la suite de la guerre d'Indépendance des États-Unis, et l'Irlande est unie au Royaume-Uni (1er janvier 1801).
Armoiries William Pitt
Assemblée nationale du Québec

À la fin de l'année 1810, à l'apogée de sa popularité, George III devint gravement malade, presque aveugle du fait de la cataracte et souffrait de rhumatismes. En 1811, George III accepta la loi de Régence et le prince de Galles resta prince-régent jusqu'au décès de son père. Malgré des signes de convalescence en mai 1811, le roi avait sombré dans une aliénation complète et permanente et il vécut isolé dans le château de Windsor jusqu'à sa mort, le 29 janvier 1820 au château de Windsor.

Sur le panneau faisant face à celui du roi George III, nous trouvons le nom de William Pitt associé avec les armoiries suivantes : de sable à la fasce échiquetée d'argent et d'azur de trois tires accompagné de trois besants d'or. Ici, le contexte nous permet d’affirmer que Taché a voulu souligner William Pitt l'Ancien (15 novembre 1708 – 11 mai 1778), 1er comte de Chatham, qui s'est rendu célèbre en tant que ministre de la Guerre de Grande-Bretagne pendant la guerre de Sept Ans. Et à ce titre l’un des principaux artisans de la conquête de la Nouvelle-France. Il mène ensuite la politique du pays au poste de Lord du Sceau Privé de 1766 à 1768. Il est ainsi surnommé pour le distinguer de son fils, William Pitt le Jeune, qui fut Premier ministre de 1783 à 1801 et de 1804 à sa mort en 1806.

samedi 2 février 2013

Les armoiries de l'escalier d'honneur de l'Assemblée nationale

La décoration des boiseries du Parlement de Québec offre l'occasion de souligner les personnages de l'histoire du Québec et même des représentants de la couronne britannique en fonction lors de la construction de l'édifice. Nous retrouvons les armoiries du 5e gouverneur général dans le portique de la tour Jacques-Cartier et sur la rampe de l'escalier d'honneur du palais législatif où elles sont associées à celles de son épouse.
Armoiries marquis de Lansdowne
Assemblée nationale du Québec
Le cinquième gouverneur général du Canada depuis la Confédération est Henry Charles Keith Petty-Fitzmaurice, 5e marquis de Lansdowne. Il occupa cette fonction de 1883 à 1888. Il est né le 14 janvier 1845 à Londres. Il est le fils aîné de Henry Petty-Fitzmaurice et d'Emily Jane Mercer Elphinstone de Flahault (une petite fille du prince de Talleyrand). Il fait des études à Eton et à Oxford, le marquis de Lansdowne succède au titre en 1866, alors qu'il n'a que 21 ans. Le marquis de Lansdowne est député libéral sous le gouvernement Gladstone, de 1869 à 1872. Il est nommé Sous-secrétaire des Indes en 1880 et, après quelques années d'expérience de l'administration coloniale outre-mer, il est nommé gouverneur général du Canada en 1883. À la fin de son mandat au Canada, en 1888, il est nommé vice-roi des Indes. Fonction qu'il occupera jusqu'en 1894. À son retour de l'Inde, Lansdowne accéda au cabinet britannique, où il fut secrétaire d'État à la Guerre de 1895 à 1900. Secrétaire aux Affaires étrangères de 1900 à 1905, il négocia l'alliance anglo-japonaise de 1902 et l'Entente cordiale avec la France en 1904. Il mourut le 3 juin 1927 d'une crise cardiaque chez sa fille à Clonmel (république d'Irlande) et fut inhumé à Bowood Park, son domaine près de Calne en Angleterre.

Le 8 novembe 1869, il épouse, à l'abbaye de Westminster, lady Maud Evelyn Hamilton, la onzième fille de James Hamilton, 1er duc d'Abercorn et de lady Louise Jane Russell. Son père fut à deux reprises Lord lieutenant d'Irlande (1866-1868 et 1874-1876). Ils eurent deux fils et deux filles. Lady Maud Evelyn Hamilton (17 décembre 1850 à 21 octobre 1932) fut dame de compagnie de la reine Alexandra de 1905 à 1909 et de 1910 à 1925. Elle sera Dame Grand Croix de l'Ordre de l'Empire britannique (GBE) en 1920. Lady Lansdowne a été décorée des Ordres Victoria et Albert et de l'Ordre impérial de la couronne des Indes.

Pour honorer le couple de Lansdowne, Eugène-Étienne Taché fait graver dans la rampe de l'escalier d'honneur les armoiries des marquis de Lansdowne et des ducs d'Abercorn.

Armoiries Lady Maud Hamilton
Assemblée nationale du Québec
Les premières se blasonnent : écartelé, au premier et au quatrième d'hermine à une bande d'azur chargée d'une aiguille magnétique pointant vers une étoile polaire, le tout d'or; au deuxième et au troisième d'argent au sautoir de gueules, au chef d'hermine. L'écu timbré d'une couronne de marquis. Cimiers : 1) une ruche environnée d'abeilles volantes, le tout au naturel, naissante d'une torque d'argent et d'azur; 2) Un Sagittaire au naturel, son buste d'argent, soutenu d'une torque d'argent et de gueules. Supports : Deux Pégases d'hermine, bridés, crinés, ailés et onglés, le tout d'or, chargés chacun sur l'épaule d'une fleur de lys d'or. Devise : Virtute non verbis.
 
Les secondes, celle de lady Hamilton, Taché fait gravé les armoiries de son père le 1er duc d'Abercorn  : écartelé : au premier et au quatrième de gueules à trois quintefeuilles d'hermine (Hamilton), au deuxième et au troisième d'argent au navire à la voile carguée de sable, à trois pennons de gueules (anciens comtes d'Arran, Écosse), brochant sur-le-tout d'azur à trois fleurs de lys d'or (duché de Châtellerault) ledit surtout timbré d'une couronne à cinq fleurons. Cimier : un chêne le fût traversé d'une scie le tout au naturel. Supports : deux antilopes accornées enchaînées et onglées d'or, colletées d'une couronne du même. Devise : Sola Nobilitas Virtus.

Il est intéressant de savoir que le duché de Châtellerault fut cédé en 1549, par le roi Henri II de France au comte écossais James Hamilton. Celui-ci le confia à son fils, le comte d'Arran, qui y favorise le protestantisme.